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posté le 11-12-2008 à 11:51:43

le concept de l ' action chez Hassan Al Banna

Le concept de l’action pour Hasan Al-Bannâ

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mercredi 10 octobre 2001

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"Sache, mon frère - que Dieu t’accorde la réussite - que chaque individu possède dans sa vie un but essentiel autour duquel s’organisent ses pensées, vers lequel se dirigent ses actes, autour duquel se concentrent ses espoirs : ce but est ce qu’on appelle l’"idéal". Aussi, plus ce but est élevé et noble, plus les actes qui en découlent sont sains et nobles. C’est ainsi que l’islam est venu réformer les âmes, les purifier, et les élever jusqu’à ce qu’elles atteignent le plus haut degré de perfection auquel elles puissent parvenir. Le Coran a éclairci ce but ultime, qui est notre Seigneur : "Fuyez donc vers Dieu. Je suis, pour vous, de Sa part, un avertisseur explicite." [1]

Et sache mon frère que ton cœur est une forteresse qui ne s’ouvre que par ta volonté, après la Volonté de Dieu ; c’est du cœur que provient la victoire aussi bien que la défaite. Lorsque les cœurs sont purifiés, les pas s’affermissent, et la victoire arrive. Le croyant est l’individu qui a saisi le pourquoi de son existence dans cette vie, il préserve donc son âme de l’asservissement à Satan, de la soumission à l’argent, ou de l’assujettissement aux passions, de même qu’il s’éloigne grâce à elle des péchés véniels qui décontenancent les gens pour s’élever vers son Seigneur, répondant à son appel : "Dis : en vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu, Seigneur de l’univers. A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre." [2]

Cette âme forte, dirigée vers son Seigneur, aucune force sur terre ne peut lui résister, car elle tire sa vigueur de Dieu. Aussi, l’armée de Satan ne peut pas la vaincre, car elle a trouvé le meilleur refuge dans le cœur, et personne ne peut avoir de pouvoir sur ce dernier si ce n’est Dieu.

Et sache mon frère que, parmi les lois divines établies, Dieu s’est fait un devoir de n’apporter Son Secours qu’aux cœurs purs et sincères. Préserve-lui donc sa pureté, et médite la signification de la Parole divine suivante : "Dieu vous a donné la victoire, à Badr, alors que vous étiez humiliés. Craignez donc Dieu, afin que vous soyez reconnaissants." [3]

La prédication à Dieu nécessite deux choses :

  • un forte motivation ;
  • une maîtrise conséquente de cette motivation.

La prédication ne peut se contenter de la seule motivation, de même que la raison seule ne peut suffire. Qu’ils ne nous méprisent donc pas ceux qui ne sont pas convaincus, et que les périls imminents ne nous enflamment pas. Aussi, dans la prière, celui qui se trouve au premier rang est comme celui qui se trouve au dernier. D’ailleurs Dieu n’accorde pas sa miséricorde au rang désordonné.

Sache donc que l’islam est venu en tant que ligne de conduite pour organiser les différents aspects de l’existence. Car l’individu ne saurait évoluer sans une ligne de conduite organisée. Organisez-vous donc, afin de parvenir au degré de la piété, lequel degré regroupe l’ensemble des facteurs de la réussite :

  • que chacun d’entre nous ait son programme scientifique, dans lequel il organisera ses études et ses lectures ;
  • que chacun d’entre nous ait son programme spirituel d’actes de dévotion, dans lequel il organisera son lien avec son Seigneur ;
  • que chacun d’entre nous ait son programme financier, dans lequel il organisera ses recettes et ses dépenses.

La vie du croyant doit être remplie de toutes sortes d’actions agréées par Dieu le Très Haut :

  1. durant le jour et la nuit ;
  2. durant la semaine ;
  3. durant le mois ;
  4. durant l’année ;
  5. durant la vie.

Premièrement : Exemples d’actes pieux à accomplir durant le jour et la nuit.

On se référera pour cela à l’épître Al-Ma’thûrât, en tenant compte des quelques remarques suivantes :

  1. nos prédécesseurs avaient l’habitude de se lever avant l’aube, afin de se rendre à la mosquée pour y attendre la prière de l’aurore (subh) ;
  2. la prière de l’aurore doit être accomplie en congrégation ;
  3. le frère répétera trois fois, après les deux cycles de prière (rak`atay) surérogatoires de l’aube (fajr) : "Oh, mon Dieu ! Seigneur de Gabriel, de Raphaël, de Mikaël et du Prophète Muhammad, paix sur lui, je te demande la protection contre l’Enfer." ;
  4. lorsqu’il se met en rang pour la prière de l’aurore, il dira : "Oh, mon Dieu ! Accorde-moi les meilleures choses que tu accordes à Tes pieux Serviteurs." ;
  5. qu’il mentionne Dieu jusqu’au lever du soleil ;
  6. la prière du lever du jour (duhâ) : "Et n’accomplit assidûment la prière du lever du jour que le repentant." Il est bon de lire les sourates 91, le Soleil, 93, le Lever du jour, 92, la Nuit ainsi que la fin de la sourate 2, la Vache et la fin de la sourate 59, l’Exode.
  7. lorsqu’il se rend à la mosquée, il y accomplira deux cycles de prière, en dehors des heures déconseillées, en ayant l’intention de saluer le Seigneur de la mosquée ;
  8. la litanie dite Wird Ar-Râbitah ;
  9. la grande litanie, son abrégé ou la partie consacrée aux invocations qu’elle contient ; s’il le peut, il récitera les trois, à tout moment qui lui convient, le préférable étant de consacrer à cette tâche un moment précis ;
  10. la lecture quotidienne d’une partie du Coran ;
  11. la lecture assidue d’un livre intéressant, auquel il consacrera un moment précis, et sans se plonger dans un autre livre avant d’avoir terminé le premier, sauf en ce qui concerne les manuels de référence, auquel cas il n’y a pas d’inconvénients en la matière. Lis, réfléchis, résume en marge des pages, et pose des questions sur ce qui t’est incompréhensible. Que ni la pudeur ni l’orgueil ne t’empêche de poser des questions, puisse Dieu nous préserver de cela. Ensuite, rends le livre à son propriétaire si c’est un prêt, ou remets-le à sa place dans la bibliothèque, après l’avoir feuilleté et retenu. Essaie de lire trois fois les manuels de référence. Sinon, sache que se contenter de feuilleter des pages ne développe pas l’intelligence, ni n’affine la compréhension. Résume les livres et entraîne-toi à les exposer, afin que tu bénéficies d’une aisance dans l’expression orale, et que tu t’entraînes à porter des responsabilités ;
  12. sois attentif à ne pas oublier d’accomplir la prière du witr avant de dormir, suivant en cela le conseil du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Si tu es sûr de toi et de ta capacité à te réveiller à temps, effectue-le dans le dernier tiers de la nuit, car c’est un moment où la récompense est plus généreuse ;
  13. ne lésine pas à dire beaucoup de prières et d’incovations, te faisant humble devant Dieu - dans toutes les situations où tu te trouves - et ayant un cœur empli de crainte et d’attention, car l’invocation est la moelle de l’adoration ;
  14. veille une partie de la nuit en priant, afin que ton âme se purifie, et que ta volonté s’affermisse : "Nous allons te révéler des paroles lourdes." [4] ;
  15. fais ton autocritique avant de te coucher, si tu te trouves du bien, remercies-en Dieu, et si tu te trouves des manquements, demande-Lui pardon et repens-toi à Lui ;
  16. tu dois avoir une activité sportive quotidienne, afin de fortifier ton corps. Bannis la paresse, ne serait ce qu’en effectuant de la marche à pied.

Deuxièmement : exemples d’actes hebdomadaires à accomplir.

  1. la leçon religieuse : un soir par semaine, afin de te rappeler Dieu avec tes frères, pour que les cœurs s’unissent, que les âmes se nourrissent d’une même nourriture, et qu’elles s’abreuvent à une source commune ;
  2. la nuit de la katiba, où les âmes se purifient dans le calme de la nuit, où l’on entend les mélodies saintes à l’aube, où le Très Miséricordieux déverse sa miséricorde, où l’on se libère de nos habitudes d’oisiveté et de luxe, où l’on se prépare à supporter les difficultés et à s’engager dans le sentier de Dieu. Les frères croyants doivent prendre un grand soin à ces entraînements spirituels ;
  3. la prière de l’aube en congrégation : tu dois accomplir la prière de l’aube à la mosquée avec tes frères au moins une fois par semaine ;
  4. le jour consacré aux sorties de détente ou au sport : le service militaire et l’entraînement physique sont au centre des préoccupations de l’islam sur le plan individuel. Ainsi, le musulman fort est plus apprécié par Dieu que le musulman faible, quand bien même il y aurait du bien dans les deux ;
  5. le vendredi : il convient de procéder au bain rituel du vendredi, de se rappeler qu’il y a une heure, ce jour-là, où les invocations sont exaucées, de lire les sourates qu’il est recommandé de réciter le vendredi, et de ne cesser de saluer et de bénir notre Prophète bienaimé.

Troisièmement : exemples d’actes à accomplir mensuellement.

  1. le jour du conseil, au cours duquel se réalise l’accomplissement de l’obligation d’enjoindre le bien et de réprouver le mal, et que cela se fasse de façon organisée et de la meilleure manière qui soit. Le frère va donc prendre connaissance des manquements de ses voisins ainsi que des autres. Il leur rend visite et leur prodigue ses conseils avec douceur et courtoisie. De même, il leur enjoint de ne pas commettre d’actes réprouvables, en leur enjolivant le bien et la félicité. Aussi, il est préférable que le conseil soit secret et personnel, dans la mesure du possible, pour qu’il aboutisse et influe assurément sur la personne. Parmi les règles à observer en prodiguant des conseils :
    • que celui qui conseille recherche uniquement l’Agrément de Dieu - Exalté soit-Il - lorsqu’il présente ses suggestions ;
    • qu’il ne se croie pas meilleur que son frère, car tous les fils d’Adam sont pécheurs ;
    • s’il reçoit des conseils de son frère, qu’il les accepte cordialement et qu’il l’en remercie, car le croyant est le miroir de son frère ;
    • qu’il choisisse le moment propice et approprié pour prodiguer ses conseils, en dehors des moments de colère ou de réjouissance ;
    • qu’il se garde de faire des remarques en pleine assemblée.
  2. le jour de l’au-delà, durant lequel les frères vont purifier leurs âmes, et grâce auquel ils sortent du monde de l’anarchie et de l’excitation vers le monde de la sérénité. Ils visitent l’au-delà en se rendant au cimetière, passage obligé vers l’au-delà, et en faisant l’autocritique de leurs actes passés. Ils demandent alors pardon à leur Seigneur. Et que la mort est suffisante comme exhortateur au bien ;
  3. le jour de la visite, où le frère rend visite aux malades musulmans, pour faire entrer la joie dans leurs cœurs afin de renforcer les liens d’amitié ;
  4. le jour de l’entreconaissance avec les frères, durant lequel il rend visite à certains de ses frères. Il peut aussi organiser à leur intention une petite réception, sans frais inutiles, afin de faire leur connaissance, cela sera plus à même de renforcer les liens de fraternité entre eux ;
  5. le jour de la réconciliation, où il convient de rechercher certaines personnes qui sont en froid, afin de résoudre leur différend et de les réconcilier sur des bases islamiques ;
  6. le jour de l’aumône, où le frère va dépenser une partie de son argent pour son Seigneur, pour les proches, les pauvres et les nécessiteux, et par lequel il va s’entraîner à la générosité. Cette action se décomposera en trois parties : une pour la prédication, une durant le Ramadân, une durant les jours de fête ;
  7. le jour de la campagne, durant lequel il va porter ses efforts intenses pour prêcher dans les campagnes rurales, afin d’apprendre aux campagnards leur religion et les sensibiliser aux vertus de leur foi, à la manière des savants. Cela permettra au frère de s’entraîner :
    1. à la prédication ;
    2. à la rhétorique ;
    3. à appliquer ses propos concrètement sur lui-même ;
    4. à s’imprégner de la pédagogie du Prophète ;
    5. à se consacrer uniquement à Dieu en se dépouillant des charges matérielles.
  8. le jeûne : jeûner trois jours durant chaque mois, en rompant occasionnellement son jeûne avec ses frères ;
  9. la prière d’exaltation une fois par mois, ou une fois au cours de l’année, voire une fois dans la vie.

Quatrièmement : exemples d’actes annuels à accomplir.

  1. célèbre les fêtes musulmanes qui distinguent le bien du mal, et encourage tes proches, tes frères et les gens de ton entourage à célébrer ces fêtes également ;
  2. essaie d’accomplir une retraite spirituelle (i`tikâf) durant les dix derniers jours du mois de Ramadân ;
  3. verse l’aumône redevable sur tes biens ;
  4. organise un programme constructif, que tu appliqueras toi-même et que tu feras appliquer à tes proches ainsi qu’à tes amis intimes. Cela concernera ton corps, ton esprit, ton argent, autrui, la prédication, et par dessus tout ton Seigneur ;
  5. durant ton congé annuel, sors avec tes frères pour accomplir les obligations de la prédication et t’entraîner à l’âpreté et à la virilité.

Cinquièmement : exemples d’actes à accomplir durant la vie.

  1. que ta demeure soit une demeure musulmane dans laquelle les préceptes de l’islam sont mis en pratique, et que tu sois en relation avec les autres foyers musulmans afin de faire vivre la communauté musulmane ;
  2. prends tes dispositions et prépare-toi à accomplir l’obligation du pèlerinage ;
  3. veille toujours sur les brèches de l’islam, et prends garde à ce que, à cause de ta malveillance, l’islam ne soit justement battu en brèche : "Et lutte contre eux avec vigueur, par le moyen du Coran." [5] Et sois avide de participer à l’effort, sous toutes ses formes."
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P.-S.

<!-- debut_surligneconditionnel -->Extraits des propos de l’Imâm Hasan Al-Bannâ, consignés par Sa`îd Hawwâ dans son livre Al-Madkhal ilâ Da`wat Al-Ikhwân Al-Muslimîn (Introduction à l’Appel des Frères Musulmans), aux éditions `Ammâr, Beyrouth, 1988, pp 61-66.<!-- finde_surligneconditionnel -->

Notes

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[1] Sourate 51 intitulée Adh-Dhâriyât, verset 50.

[2] Sourate 6 intitulée les Bestiaux, Al-An`âm, versets 162 et 163.

[3] Sourate 3 intitulée la Famille d’Amram, Âl `Imrân, verset 123.

[4] Sourate 73 intitulée le Recouvert, Al-Muddaththir, verset 5.

[5] Sourate 25 intitulée le Discernement, Al-Furqân, verset 52.

 


 
 
posté le 11-12-2008 à 11:39:08

malek bennabi par lui même

Malek BENNABI et ses vues sur la vocation de l’Islam

Dégustez avec nous les pensées inspirantes à l'auto-réflection et à l'action constructive de la société que nous propose ce grand écrivain du siècle passé:

pour ceux qui ne le connaissent pas encore: 

Malek Bennabi est de tous les penseurs musulmans des deux derniers siècles celui qui a proposé la vison de l'Islam la plus compatible avec le sens de l'histoire. Il n'a pas pensé les seuls problèmes du monde musulman, mais ceux du monde en voie de globalisation qu'il voyait sortir de la deuxième guerre mondiale. suite …

bennabibooks.jpg   bennabi.jpg

Extraits de son livre “Vocation de l'Islam”:

p.75:

Les sciences morales, sociales et psychologiques sont aujourd'hui infiniment plus nécessaires que les sciences de la matière qui constituent plutôt un danger dans une société où les hommes restent ignorants d'eux-mêmes. Mais il est évidemment plus difficile de connaître et de faire l'homme d'une civilisation que de fabriquer un moteur ou d'habituer un singe à porter une cravate…

p.126-127

… Cette impuissance organique est renforcée par des paralysies particulières : morale, sociale et intellectuelle. La plus grave, celle qui détermine dans une certaine mesure les deux autres, c'est la paralysie morale. Son origine est connue : « l'Islam est une religion parfaite ». Voilà une vérité dont personne ne discute. Malheureusement, il en découle dans la conscience post-almohadienne une autre proposition : « Nous sommes Musulmans, donc nous sommes pafaits ». Syllogisme funeste qui sape toute perfectibilité dans l'individu, en neutralisant en lui tout souci de perfectionnement. Jadis, Omar Ibn El-Khatab faisait régulièrement son examen de conscience et pleureit souvent sur ses « fautes ». Mais il y a longtemps que le monde musulman a cessé de s'inquiéter de possibles cas de conscience. On ne voit plus qui que ce soit s'émouvoir d'une erreur, d'une faute. Parmi les classes dirigeantes règne la plus parfaite quiétude morale. On ne voit aucun dirigeant faire publiquement son mea culpa.

C'est ainsi que l'idéal islamique, idéal de vie et de mouvement, a sombré dans l'orgueil et particulièrement dans la suffisance du dévot qui croît réaliser la perfection en faisant ses cinq prières quotidiennes sans essayer de s'amender ou de s'amérliorer : il est irrémédiablement parfait - parfait comme la mort et comme le néant. Tout le méchanisme psychologique du progrès de l'individu et de la société se trouve faussé par cette morne satisfaction de soi. Des êtres immobilisés dans leur médiocrité et dans leur imperfectible imperfection deviennent ainsi l'élite morale d'une société où la vérité n'a enfanté qu'un nihilisme. La différence est essentielle entre la vérité, simple concept théorique éclairant un raisonnement abstrait, et la vérité agissante qui inspire des actes concrets. La vérité peut même devenir néfaste, en tant que facteur sociologique, lorsqu'elle n'inspire plus l'action et la paralyse, lorsqu'elle ne coïncide plus avec les mobiles de la transformation, mais avec les alibis de la stagnation individuelle et sociale. Elle peut devenir l'origine d'un monde paralytique, que Renan et P. Lammens dénoncaient en disant que l'Islam est « une religion de stagnation et de régression ».

vous l'aimez vous aussi ?  il parle votre langue ? mettez-nous au courant, et libérez vos pensées dans la boîte de  commentaire ci-dessous:

 


 
 
posté le 01-12-2008 à 16:24:31

émission du 19 septembre 2006 du centre malcolmx

Émission du 19 septembre 2006 (n° 293) | Émission du 26 août 2008 (n° 366) |  <!-- debut_surligneconditionnel -->

Abdelkader, Omar et Samira du Centre Malcolm X s’adressent aux familles vivant avec le VIH

20 septembre 2006 (survivreausida.net)

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Abdelkader, Omar et Samira sont trois responsables du Centre Malcolm X [1], une association installée à Fontenay-sous-Bois, invités par l’émission Maghreb Afrique Survivre au sida pour parler du ramadan dans la vie des séropositifs.

Après l’émission, l’équipe leur a proposé d’adresser un message aux familles vivant avec le VIH.

Nous vous proposons de découvrir ce message de solidarité en images.

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Notes

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[1] Abdelkader présente ainsi le Centre Malcolm X : « C’est un espace de débat et de réflexion qui existe depuis deux ans, où on fait des conférences sur différentes thématiques (antisémitisme, banlieues, pouvoir politique, histoire de l’immigration, islam, etc.). Le but c’est d’amener différents intellectuels avec un discous non-institutionnalisé dans les quartiers pour s’approprier un certain discours qui est le nôtre. »

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posté le 01-12-2008 à 16:08:26

Inventons une culture islamique européene

Inventons une culture islamique européenne
 



lundi 2 août 2004, par Tariq Ramadan
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Entretien entre Dominique Simonnet et Tariq Ramadan

 

A la fois musulman et européen, pleinement, sans complexes, sans états d’âme ? La question, qui concerne près de 5 millions de personnes en France, est au coeur de ce qu’il est convenu d’appeler "l’intégration", processus lent et long qui exige une double pacification : la société doit considérer à égalité tous ses citoyens, quelle que soit leur origine ; et ces derniers, de leur côté, doivent panser les blessures de l’exil et faire la paix avec eux-mêmes. Pas simple, en effet... Tariq Ramadan, philosophe genevois et islamologue, est l’un de ces nouveaux intellectuels musulmans qui refusent énergiquement les archaïsmes et cherchent à penser l’islam autrement : une foi fondée sur des valeurs humanistes et universelles, conjuguée à une citoyenneté active. Ce qui exige, plus qu’une intégration, un "enracinement" qui plonge au plus profond des intimités. Encore plus compliqué, dira-t-on... En tout cas, il y croit avec une grande sincérité. Philosophe, islamologue, professeur d’université en Suisse, Tariq Ramadan marche sur les traces de son grand-père égyptien, fondateur du mouvement des Frères musulmans.

 

 

DS : Vous allez de par le monde à la rencontre des musulmans pour parler de l’islam dans la société moderne. Récemment, dans un colloque à l’université Rudgers, aux Etats-Unis, vous avez déclaré qu’une véritable révolution silencieuse était en train de se produire dans les communautés musulmanes européennes. Une révolution, vraiment ?

 

TR : Quelque chose de fondamental est en effet en train de changer dans les communautés musulmanes en Europe. Jusqu’à présent, elles se caractérisaient par une certaine frilosité, due à leur histoire. Leur présence sur le Vieux Continent est récente, soixante-dix ans à peine, et les premiers immigrés nord-africains, turcs ou pakistanais, d’origine modeste, recherchaient surtout des petits lieux à eux pour se protéger, sans trop participer à la société ambiante. Pendant de nombreuses années, ils ont cru qu’ils n’étaient là, en Europe, que pour un temps... Moi-même, qui suis né et vis en Suisse et qui n’ai pas connu l’Egypte de mes parents, je me suis longtemps dit : "Un jour, je retournerai chez moi..." Or, depuis une quinzaine d’années, les immigrés des deuxième et troisième générations ont acquis un sentiment tout à fait différent : ils se sentent chez eux en Europe. Ils se considèrent comme français, suisses ou britanniques, tout en étant de confession musulmane. Et ils proclament : "Nous ne sommes coupables de rien, nous avons des droits et des responsabilités, nous sommes des citoyens comme les autres."

 

DS : On dit pourtant que l’intégration ne progresse pas autant qu’on le prétend...

 

TR : Il faut la considérer à plusieurs niveaux. Sur le plan social, l’intégration est en marche partout en Europe. Mais il lui faut aussi se réaliser dans le domaine légal : un musulman respecte des règles, des rituels, qui se heurtent parfois à la législation du pays. Il faut les étudier au cas par cas, car les contraintes et les possibles contradictions ne sont pas de même importance ni de même niveau : pratique religieuse, abattage rituel, cimetière, tenue vestimentaire, etc. Ce type de questions s’étudie, se discute entre spécialistes... Les musulmans européens doivent aussi promouvoir une lecture réformée de leurs sources, et pour cela il faut du temps... Il y a également une intégration culturelle : il nous faut inventer une culture islamique européenne, qui dirait en somme : "Reste fidèle à ton éthique et à tes principes, mais accepte la sensibilité et le goût européens." Cela ne signifie pas rompre avec la culture de nos parents, mais plutôt tenter de faire nôtres les productions artistiques occidentales qui seraient en accord avec notre éthique de vie et contribuer nous-mêmes à leur enrichissement. Il faut enfin aller plus loin encore, au dernier niveau de l’intégration, celle des intimités.

 

DS : Ce qui veut dire ?

 

 TR : Avoir un cœur qui se sent bien là où il est, en paix avec son environnement, tout en gardant le lien avec sa foi. La véritable intégration, c’est un enracinement qui se vit dans les profondeurs de l’être. Au cours de mes voyages, je vois souvent des intégrations apparentes qui cachent des désintégrations profondes : des gens déchirés, troublés au fond d’eux-mêmes, des êtres perturbés dans la formation de leur personnalité. La violence des banlieues n’est pas seulement le résultat d’un déséquilibre socio-économique, du chômage, de l’exclusion. Elle relève aussi d’un trouble de l’identité. Le projet de construire une société multiculturelle, qui est celui des pays européens, exige une intégration très profonde, qui ne s’arrête pas à la citoyenneté.

 

DS : Encore faut-il que la société y soit prête...

 

TR : L’image des musulmans en Occident est mauvaise. Nous sommes un peu dans la situation des juifs autrefois, toujours suspects. On s’interroge sur nos origines et nos intentions, et on ne nous considère pas comme des citoyens à part entière. Si vous vous appelez Ahmed, vous êtes évidemment défavorisé pour trouver un logement ou un emploi. J’ai vu récemment sur la carte d’identité d’une jeune femme française de confession musulmane la mention : "Signes particuliers : musulmane très pratiquante". Il faut lutter contre ces dérives et contre un certain racisme larvé. Dans l’histoire de l’Europe, il y a pourtant eu des moments de fertilisation entre les deux cultures, en Andalousie par exemple, mais ils sont enfouis dans une sorte d’amnésie collective. On a souvent tendance, en Occident, à ne retenir que les conflits, et à justifier les idées reçues. Il était tout à fait normal, au début de l’immigration, que les musulmans se recroquevillent sur eux-mêmes : on se protège toujours lorsque l’on vit l’exil. Certains Français ont interprété ce repli comme la preuve que l’islam ne pouvait pas se conjuguer avec la laïcité et la démocratie. C’est absurde ! La reconnaissance du pluralisme et le choix par le peuple de ses représentants sont inscrits dans la pensée musulmane. Pour que cela se sache, il faut promouvoir en France une éducation, une formation : une société plurielle exige que nous revisitions les programmes scolaires et que nous revalorisions les diverses mémoires et origines qui composent désormais la réalité sociale.

 

DS : Il y a quand même diverses interprétations du Coran...

 

TR : Il existe évidemment des lectures traditionalistes, littéralistes de l’islam. On ne peut reprocher à un Français de s’interroger sur l’islam quand il voit sur son petit écran ce qu’en font les taliban en Afghanistan. Mais la majorité des musulmans, en Europe comme aux Etats-Unis, suit une voie réformiste, qui revendique le pluralisme démocratique comme principe de base. Pour eux, le texte et la pratique de la religion ne sont pas incompatibles avec la vie moderne. En Espagne, en Suède, aux Pays-Bas, partout où je vais, un nombre croissant de cadres d’associations musulmanes tiennent le même discours : "L’Europe, c’est la nôtre ! C’est notre terre, notre lieu de vie !" Etonnamment, la France, qui, aux yeux des musulmans, a paru le pays le plus résistant à leur intégration, est en Europe le plus avancé. Parce qu’il y a eu un débat, que la communauté musulmane y est nombreuse - entre 4 et 5 millions de personnes - et que le système français d’intégration individuelle est performant sur le plan social et linguistique.

 

DS : En France, on oppose encore parfois islam et laïcité.

 

TR : Rien, dans les principes de l’islam, n’empêche de vivre dans une société laïque. La laïcité, ce n’est pas le refus de la religion. C’est un espace de paix sociale qui respecte toutes les religions et les met sur un plan d’égalité. C’est à nous, citoyens européens de confession musulmane, d’exiger que l’on fasse une lecture objective des lois sur la laïcité. Les cinq principes fondamentaux qui préservent notre foi sont respectés par toutes les Constitutions européennes : le droit à pratiquer notre religion, à nous éduquer, à nous associer, à organiser notre représentation et à faire appel à la loi en cas de discrimination. Opposer islam et laïcité, c’est donc un faux problème. Le Conseil d’Etat l’a bien compris en affirmant que le port du foulard ne contredit pas la laïcité à partir du moment où il n’y a pas trouble à l’ordre public ni prosélytisme. Mais la loi ne nous dispense pas d’un travail sur les mentalités. Chez les enseignants français, il y a des résistances extrêmement fortes. Ni les musulmans ni les autorités politiques ne peuvent les laisser gérer cette question au gré des images véhiculées et du subjectivisme le plus aléatoire. Pour moi, contraindre une jeune fille à porter le foulard n’est pas islamique. L’obliger, en interprétant la loi, à l’enlever ne respecte pas le principe de la liberté de conscience. Il faut traiter les situations au cas par cas, dans le dialogue.

 

DS : Ce qui fait peur aux Français, c’est le communautarisme, l’idée de ghettos à l’américaine.

 

TR : Avec raison, mais les Français s’élèvent avec force contre le communautarisme ethnique sans toujours voir qu’il existe un autre communautarisme, tout aussi réel : celui des exclus, musulmans ou non... Cela dit, il faut refuser avec détermination la mentalité du ghetto du type "entre nous, pour nous". A Bradford, en Angleterre, je connais des musulmans de la troisième génération qui parlent encore très mal anglais. On pensait que le modèle d’intégration anglo-saxonne préserverait la langue, des traditions, voire des lieux de vie. On se rend compte qu’il implique de renoncer à des droits et qu’il crée en fait une nouvelle prison... Nombre d’associations musulmanes britanniques veulent maintenant en sortir. Elles cherchent des valeurs universelles à partager, une fraternité humaine à encourager... Elles comprennent qu’à ne vivre qu’entre soi on peut certes éviter les conflits, mais qu’on s’appauvrit.

 

DS : Aux Etats-Unis, la classe moyenne noire américaine a pourtant endossé l’American way of life, tout en gardant intacte son appartenance à sa communauté.

 

TR : Oui. Les Noirs américains ont acquis l’idée qu’ils étaient des citoyens de ce pays. "Je suis américain !" C’est ce sentiment fondamental qui leur a permis de participer pleinement à la société. Dans ce pays, on admet mieux l’identité de l’autre et on valorise ses origines sans complexes. Nous allons dans ce sens en Europe. Récemment, dans l’une de mes conférences en France, une jeune fille se plaignait qu’on l’avait rejetée dès qu’on avait entendu son nom à consonance maghrébine. Un jeune homme l’a interpellée : "Tu commets une erreur en te présentant toujours comme une Maghrébine. Tu devrais dire : "Je suis française, et j’ai les mêmes droits que tous ! ’’" De telles réactions se multiplient. En particulier chez les femmes, qui, majoritairement, réussissent mieux leurs études que les hommes et qui se sentent à la fois citoyennes et musulmanes.

 

DS : Parler, comme on le fait, d’une "communauté musulmane", qui tente de se donner des représentants, n’est-ce pas incompatible avec l’intégration intime, ouverte, dont vous parlez ?

 

TR : La collectivité est très importante pour les musulmans ; elle se manifeste dans les lieux de culte, durant les fêtes. Une prière en commun vaut 27 fois plus qu’une prière faite seul, disent les textes. Prier seul, à la maison, fait moins sens et est moins gratifiant. Si on favorise ces activités spirituelles, alors les musulmans se sentiront mieux, ils auront davantage envie de communiquer avec les autres. Reconnaître la communauté de foi, c’est justement éviter le communautarisme social !

 

 DS : Le problème, c’est que cette communauté de foi est soutenue et même financée par les pays arabes.

 

 TR : Ce lien avec le pays d’origine était normal dans les premiers temps. Mais c’est vrai, il est aujourd’hui l’un des plus grands écueils de l’intégration. Dans toute l’Europe, de grandes institutions sont financées par l’Arabie Saoudite, l’Algérie, le Maroc, et liées à ces pays par des prises de position politiques. La Mosquée de Paris, c’est la voix de l’Algérie ; la Mosquée de Mantes ou de Strasbourg, ce sont celles de l’Arabie Saoudite ou du Maroc. Heureusement, on voit maintenant émerger des associations musulmanes indépendantes, et des mosquées se construire avec l’argent des musulmans de France, comme à Saint-Etienne, à Nîmes ou dans tant d’autres villes. A nous, musulmans européens, de dire la réalité des dictatures en Arabie Saoudite, en Syrie, ou même en Tunisie, qui cachent la répression sous une apparence de modernité. A nous de dénoncer l’utilisation de l’islam à des fins répressives, l’application éhontée de la charia sans justice sociale. Il en va de notre dignité de ne pas nous taire sur les trahisons de notre religion. Voilà pourquoi nous devons être indépendants.

 

DS : Mais comment ? La Belgique a institué une représentation musulmane officielle. On a vu récemment Jacques Chirac recevoir quelques représentants de la communauté française... Faudrait-il un financement des Etats pour l’islam d’Europe ?

 

TR : Encore faudrait-il être certain que ces Etats veuillent vraiment une représentation indépendante... Que les communautés musulmanes soient financées par les pays arabes, cela arrange bien certains gouvernements européens, car ils peuvent ainsi contrôler ces communautés en jouant de leurs relations diplomatiques. L’enjeu pour nous est plutôt de promouvoir un tissu associatif autonome, avec des sources de financement propres, et de développer une culture de l’indépendance. Les sommes récoltées dans les communautés pour la construction de lieux de culte, par exemple, sont très élevées. A terme, il faut promouvoir un véritable enracinement économique basé sur des fonds de solidarité, des entreprises, des investissements propres et autres projets économiques endogènes.

 

DS : C’est un drôle de chantier que vous proposez à vos frères : cultiver leurs racines tout en intégrant l’identité européenne et en interrompant leur relation de dépendance financière avec le pays d’origine... Pas simple...

 

TR : Ces processus opèrent à différents niveaux et il faut compter avec le temps. Ce ne sera certes pas facile, car les souffrances, les déchirements restent présents... Le discours que je vous tiens est, lui aussi, lié à mon vécu et s’est élaboré à partir de profondes blessures... L’exil des miens m’a longtemps empêché de trouver un équilibre. Bien au-delà de la suspicion que l’on entretient encore autour de ma filiation (étant le petit-fils du fondateur des Frères musulmans, assassiné en 1949), ce que j’ai reçu comme héritage de mes parents et de l’enseignement de mon grand-père est une foi profonde et un souci constant de l’être humain. Apprendre à s’écouter soi-même et à écouter les autres avec la vraie conviction que l’on n’est jamais aussi proche des cœurs que lorsque l’on ne néglige pas le sien. Et admettre que la différence est une richesse. J’ai retrouvé ces dispositions dans mon engagement humanitaire, par exemple avec les communautés chrétiennes de base en Amérique du Sud ou dans le tissu associatif de solidarité tibétaine en Inde ; finalement, cette vision de l’être musulman n’est pas éloignée des valeurs occidentales, elle rejoint l’humanisme européen.

 

DS : Il n’y a pas, selon vous, de conflit entre ces identités multiples : on peut avoir une histoire, une pratique musulmanes et se sentir vraiment, profondément, suisse ou français ?

 

TR : Il y a et il y aura des conflits. Il est bon qu’il y en ait, mais il faut les vivre comme un défi à la richesse de notre humanité. Le pluralisme culturel ne se construit pas sur le mode d’une coexistence simplement pacifique et amorphe. On ne peut ni tout comprendre ni tout accepter de l’autre, de ce qu’il est ou de ce qu’il croit. On doit néanmoins le respecter ! D’égal à égal. Il faudra aussi développer des partenariats actifs et féconds avec les acteurs sociaux et politiques des sociétés européennes. Nous allons dans le bon sens... Il faut de la spiritualité, de la confiance, du temps et de la persévérance. Je ne veux pas être moins musulman pour être plus européen. Je veux pouvoir conjuguer pleinement les deux.

 

 

 

 

L’Express du 6 avril 2000 Le pèlerin du nouvel islam Humaniste, croyant et très militant... Tariq Ramadan, philosophe et islamologue - il enseigne à Genève et à Fribourg - est le digne héritier de son grand-père, Hassan al-Banna, fondateur en 1928 du mouvement des Frères musulmans en Egypte, qui fut assassiné en 1949. Lui, il est né et vit en Suisse, où ses parents, chassés par Nasser, s’étaient réfugiés, mais s’est longtemps senti ailleurs, exilé de l’âme. Aujourd’hui, il court l’Europe et l’Amérique, appelé par les associations de jeunes musulmans. Il les aide à inventer cette identité équilibrée qu’il a, pour sa part, merveilleusement trouvée, conciliant islam et modernité et, comme son grand-père, chaleur humaine et franc-parler.




lundi 2 août 2004, par Tariq Ramadan
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Entretien entre Dominique Simonnet et Tariq Ramadan

 

A la fois musulman et européen, pleinement, sans complexes, sans états d’âme ? La question, qui concerne près de 5 millions de personnes en France, est au coeur de ce qu’il est convenu d’appeler "l’intégration", processus lent et long qui exige une double pacification : la société doit considérer à égalité tous ses citoyens, quelle que soit leur origine ; et ces derniers, de leur côté, doivent panser les blessures de l’exil et faire la paix avec eux-mêmes. Pas simple, en effet... Tariq Ramadan, philosophe genevois et islamologue, est l’un de ces nouveaux intellectuels musulmans qui refusent énergiquement les archaïsmes et cherchent à penser l’islam autrement : une foi fondée sur des valeurs humanistes et universelles, conjuguée à une citoyenneté active. Ce qui exige, plus qu’une intégration, un "enracinement" qui plonge au plus profond des intimités. Encore plus compliqué, dira-t-on... En tout cas, il y croit avec une grande sincérité. Philosophe, islamologue, professeur d’université en Suisse, Tariq Ramadan marche sur les traces de son grand-père égyptien, fondateur du mouvement des Frères musulmans.

 

 

DS : Vous allez de par le monde à la rencontre des musulmans pour parler de l’islam dans la société moderne. Récemment, dans un colloque à l’université Rudgers, aux Etats-Unis, vous avez déclaré qu’une véritable révolution silencieuse était en train de se produire dans les communautés musulmanes européennes. Une révolution, vraiment ?

 

TR : Quelque chose de fondamental est en effet en train de changer dans les communautés musulmanes en Europe. Jusqu’à présent, elles se caractérisaient par une certaine frilosité, due à leur histoire. Leur présence sur le Vieux Continent est récente, soixante-dix ans à peine, et les premiers immigrés nord-africains, turcs ou pakistanais, d’origine modeste, recherchaient surtout des petits lieux à eux pour se protéger, sans trop participer à la société ambiante. Pendant de nombreuses années, ils ont cru qu’ils n’étaient là, en Europe, que pour un temps... Moi-même, qui suis né et vis en Suisse et qui n’ai pas connu l’Egypte de mes parents, je me suis longtemps dit : "Un jour, je retournerai chez moi..." Or, depuis une quinzaine d’années, les immigrés des deuxième et troisième générations ont acquis un sentiment tout à fait différent : ils se sentent chez eux en Europe. Ils se considèrent comme français, suisses ou britanniques, tout en étant de confession musulmane. Et ils proclament : "Nous ne sommes coupables de rien, nous avons des droits et des responsabilités, nous sommes des citoyens comme les autres."

 

DS : On dit pourtant que l’intégration ne progresse pas autant qu’on le prétend...

 

TR : Il faut la considérer à plusieurs niveaux. Sur le plan social, l’intégration est en marche partout en Europe. Mais il lui faut aussi se réaliser dans le domaine légal : un musulman respecte des règles, des rituels, qui se heurtent parfois à la législation du pays. Il faut les étudier au cas par cas, car les contraintes et les possibles contradictions ne sont pas de même importance ni de même niveau : pratique religieuse, abattage rituel, cimetière, tenue vestimentaire, etc. Ce type de questions s’étudie, se discute entre spécialistes... Les musulmans européens doivent aussi promouvoir une lecture réformée de leurs sources, et pour cela il faut du temps... Il y a également une intégration culturelle : il nous faut inventer une culture islamique européenne, qui dirait en somme : "Reste fidèle à ton éthique et à tes principes, mais accepte la sensibilité et le goût européens." Cela ne signifie pas rompre avec la culture de nos parents, mais plutôt tenter de faire nôtres les productions artistiques occidentales qui seraient en accord avec notre éthique de vie et contribuer nous-mêmes à leur enrichissement. Il faut enfin aller plus loin encore, au dernier niveau de l’intégration, celle des intimités.

 

DS : Ce qui veut dire ?

 

 TR : Avoir un cœur qui se sent bien là où il est, en paix avec son environnement, tout en gardant le lien avec sa foi. La véritable intégration, c’est un enracinement qui se vit dans les profondeurs de l’être. Au cours de mes voyages, je vois souvent des intégrations apparentes qui cachent des désintégrations profondes : des gens déchirés, troublés au fond d’eux-mêmes, des êtres perturbés dans la formation de leur personnalité. La violence des banlieues n’est pas seulement le résultat d’un déséquilibre socio-économique, du chômage, de l’exclusion. Elle relève aussi d’un trouble de l’identité. Le projet de construire une société multiculturelle, qui est celui des pays européens, exige une intégration très profonde, qui ne s’arrête pas à la citoyenneté.

 

DS : Encore faut-il que la société y soit prête...

 

TR : L’image des musulmans en Occident est mauvaise. Nous sommes un peu dans la situation des juifs autrefois, toujours suspects. On s’interroge sur nos origines et nos intentions, et on ne nous considère pas comme des citoyens à part entière. Si vous vous appelez Ahmed, vous êtes évidemment défavorisé pour trouver un logement ou un emploi. J’ai vu récemment sur la carte d’identité d’une jeune femme française de confession musulmane la mention : "Signes particuliers : musulmane très pratiquante". Il faut lutter contre ces dérives et contre un certain racisme larvé. Dans l’histoire de l’Europe, il y a pourtant eu des moments de fertilisation entre les deux cultures, en Andalousie par exemple, mais ils sont enfouis dans une sorte d’amnésie collective. On a souvent tendance, en Occident, à ne retenir que les conflits, et à justifier les idées reçues. Il était tout à fait normal, au début de l’immigration, que les musulmans se recroquevillent sur eux-mêmes : on se protège toujours lorsque l’on vit l’exil. Certains Français ont interprété ce repli comme la preuve que l’islam ne pouvait pas se conjuguer avec la laïcité et la démocratie. C’est absurde ! La reconnaissance du pluralisme et le choix par le peuple de ses représentants sont inscrits dans la pensée musulmane. Pour que cela se sache, il faut promouvoir en France une éducation, une formation : une société plurielle exige que nous revisitions les programmes scolaires et que nous revalorisions les diverses mémoires et origines qui composent désormais la réalité sociale.

 

DS : Il y a quand même diverses interprétations du Coran...

 

TR : Il existe évidemment des lectures traditionalistes, littéralistes de l’islam. On ne peut reprocher à un Français de s’interroger sur l’islam quand il voit sur son petit écran ce qu’en font les taliban en Afghanistan. Mais la majorité des musulmans, en Europe comme aux Etats-Unis, suit une voie réformiste, qui revendique le pluralisme démocratique comme principe de base. Pour eux, le texte et la pratique de la religion ne sont pas incompatibles avec la vie moderne. En Espagne, en Suède, aux Pays-Bas, partout où je vais, un nombre croissant de cadres d’associations musulmanes tiennent le même discours : "L’Europe, c’est la nôtre ! C’est notre terre, notre lieu de vie !" Etonnamment, la France, qui, aux yeux des musulmans, a paru le pays le plus résistant à leur intégration, est en Europe le plus avancé. Parce qu’il y a eu un débat, que la communauté musulmane y est nombreuse - entre 4 et 5 millions de personnes - et que le système français d’intégration individuelle est performant sur le plan social et linguistique.

 

DS : En France, on oppose encore parfois islam et laïcité.

 

TR : Rien, dans les principes de l’islam, n’empêche de vivre dans une société laïque. La laïcité, ce n’est pas le refus de la religion. C’est un espace de paix sociale qui respecte toutes les religions et les met sur un plan d’égalité. C’est à nous, citoyens européens de confession musulmane, d’exiger que l’on fasse une lecture objective des lois sur la laïcité. Les cinq principes fondamentaux qui préservent notre foi sont respectés par toutes les Constitutions européennes : le droit à pratiquer notre religion, à nous éduquer, à nous associer, à organiser notre représentation et à faire appel à la loi en cas de discrimination. Opposer islam et laïcité, c’est donc un faux problème. Le Conseil d’Etat l’a bien compris en affirmant que le port du foulard ne contredit pas la laïcité à partir du moment où il n’y a pas trouble à l’ordre public ni prosélytisme. Mais la loi ne nous dispense pas d’un travail sur les mentalités. Chez les enseignants français, il y a des résistances extrêmement fortes. Ni les musulmans ni les autorités politiques ne peuvent les laisser gérer cette question au gré des images véhiculées et du subjectivisme le plus aléatoire. Pour moi, contraindre une jeune fille à porter le foulard n’est pas islamique. L’obliger, en interprétant la loi, à l’enlever ne respecte pas le principe de la liberté de conscience. Il faut traiter les situations au cas par cas, dans le dialogue.

 

DS : Ce qui fait peur aux Français, c’est le communautarisme, l’idée de ghettos à l’américaine.

 

TR : Avec raison, mais les Français s’élèvent avec force contre le communautarisme ethnique sans toujours voir qu’il existe un autre communautarisme, tout aussi réel : celui des exclus, musulmans ou non... Cela dit, il faut refuser avec détermination la mentalité du ghetto du type "entre nous, pour nous". A Bradford, en Angleterre, je connais des musulmans de la troisième génération qui parlent encore très mal anglais. On pensait que le modèle d’intégration anglo-saxonne préserverait la langue, des traditions, voire des lieux de vie. On se rend compte qu’il implique de renoncer à des droits et qu’il crée en fait une nouvelle prison... Nombre d’associations musulmanes britanniques veulent maintenant en sortir. Elles cherchent des valeurs universelles à partager, une fraternité humaine à encourager... Elles comprennent qu’à ne vivre qu’entre soi on peut certes éviter les conflits, mais qu’on s’appauvrit.

 

DS : Aux Etats-Unis, la classe moyenne noire américaine a pourtant endossé l’American way of life, tout en gardant intacte son appartenance à sa communauté.

 

TR : Oui. Les Noirs américains ont acquis l’idée qu’ils étaient des citoyens de ce pays. "Je suis américain !" C’est ce sentiment fondamental qui leur a permis de participer pleinement à la société. Dans ce pays, on admet mieux l’identité de l’autre et on valorise ses origines sans complexes. Nous allons dans ce sens en Europe. Récemment, dans l’une de mes conférences en France, une jeune fille se plaignait qu’on l’avait rejetée dès qu’on avait entendu son nom à consonance maghrébine. Un jeune homme l’a interpellée : "Tu commets une erreur en te présentant toujours comme une Maghrébine. Tu devrais dire : "Je suis française, et j’ai les mêmes droits que tous ! ’’" De telles réactions se multiplient. En particulier chez les femmes, qui, majoritairement, réussissent mieux leurs études que les hommes et qui se sentent à la fois citoyennes et musulmanes.

 

DS : Parler, comme on le fait, d’une "communauté musulmane", qui tente de se donner des représentants, n’est-ce pas incompatible avec l’intégration intime, ouverte, dont vous parlez ?

 

TR : La collectivité est très importante pour les musulmans ; elle se manifeste dans les lieux de culte, durant les fêtes. Une prière en commun vaut 27 fois plus qu’une prière faite seul, disent les textes. Prier seul, à la maison, fait moins sens et est moins gratifiant. Si on favorise ces activités spirituelles, alors les musulmans se sentiront mieux, ils auront davantage envie de communiquer avec les autres. Reconnaître la communauté de foi, c’est justement éviter le communautarisme social !

 

 DS : Le problème, c’est que cette communauté de foi est soutenue et même financée par les pays arabes.

 

 TR : Ce lien avec le pays d’origine était normal dans les premiers temps. Mais c’est vrai, il est aujourd’hui l’un des plus grands écueils de l’intégration. Dans toute l’Europe, de grandes institutions sont financées par l’Arabie Saoudite, l’Algérie, le Maroc, et liées à ces pays par des prises de position politiques. La Mosquée de Paris, c’est la voix de l’Algérie ; la Mosquée de Mantes ou de Strasbourg, ce sont celles de l’Arabie Saoudite ou du Maroc. Heureusement, on voit maintenant émerger des associations musulmanes indépendantes, et des mosquées se construire avec l’argent des musulmans de France, comme à Saint-Etienne, à Nîmes ou dans tant d’autres villes. A nous, musulmans européens, de dire la réalité des dictatures en Arabie Saoudite, en Syrie, ou même en Tunisie, qui cachent la répression sous une apparence de modernité. A nous de dénoncer l’utilisation de l’islam à des fins répressives, l’application éhontée de la charia sans justice sociale. Il en va de notre dignité de ne pas nous taire sur les trahisons de notre religion. Voilà pourquoi nous devons être indépendants.

 

DS : Mais comment ? La Belgique a institué une représentation musulmane officielle. On a vu récemment Jacques Chirac recevoir quelques représentants de la communauté française... Faudrait-il un financement des Etats pour l’islam d’Europe ?

 

TR : Encore faudrait-il être certain que ces Etats veuillent vraiment une représentation indépendante... Que les communautés musulmanes soient financées par les pays arabes, cela arrange bien certains gouvernements européens, car ils peuvent ainsi contrôler ces communautés en jouant de leurs relations diplomatiques. L’enjeu pour nous est plutôt de promouvoir un tissu associatif autonome, avec des sources de financement propres, et de développer une culture de l’indépendance. Les sommes récoltées dans les communautés pour la construction de lieux de culte, par exemple, sont très élevées. A terme, il faut promouvoir un véritable enracinement économique basé sur des fonds de solidarité, des entreprises, des investissements propres et autres projets économiques endogènes.

 

DS : C’est un drôle de chantier que vous proposez à vos frères : cultiver leurs racines tout en intégrant l’identité européenne et en interrompant leur relation de dépendance financière avec le pays d’origine... Pas simple...

 

TR : Ces processus opèrent à différents niveaux et il faut compter avec le temps. Ce ne sera certes pas facile, car les souffrances, les déchirements restent présents... Le discours que je vous tiens est, lui aussi, lié à mon vécu et s’est élaboré à partir de profondes blessures... L’exil des miens m’a longtemps empêché de trouver un équilibre. Bien au-delà de la suspicion que l’on entretient encore autour de ma filiation (étant le petit-fils du fondateur des Frères musulmans, assassiné en 1949), ce que j’ai reçu comme héritage de mes parents et de l’enseignement de mon grand-père est une foi profonde et un souci constant de l’être humain. Apprendre à s’écouter soi-même et à écouter les autres avec la vraie conviction que l’on n’est jamais aussi proche des cœurs que lorsque l’on ne néglige pas le sien. Et admettre que la différence est une richesse. J’ai retrouvé ces dispositions dans mon engagement humanitaire, par exemple avec les communautés chrétiennes de base en Amérique du Sud ou dans le tissu associatif de solidarité tibétaine en Inde ; finalement, cette vision de l’être musulman n’est pas éloignée des valeurs occidentales, elle rejoint l’humanisme européen.

 

DS : Il n’y a pas, selon vous, de conflit entre ces identités multiples : on peut avoir une histoire, une pratique musulmanes et se sentir vraiment, profondément, suisse ou français ?

 

TR : Il y a et il y aura des conflits. Il est bon qu’il y en ait, mais il faut les vivre comme un défi à la richesse de notre humanité. Le pluralisme culturel ne se construit pas sur le mode d’une coexistence simplement pacifique et amorphe. On ne peut ni tout comprendre ni tout accepter de l’autre, de ce qu’il est ou de ce qu’il croit. On doit néanmoins le respecter ! D’égal à égal. Il faudra aussi développer des partenariats actifs et féconds avec les acteurs sociaux et politiques des sociétés européennes. Nous allons dans le bon sens... Il faut de la spiritualité, de la confiance, du temps et de la persévérance. Je ne veux pas être moins musulman pour être plus européen. Je veux pouvoir conjuguer pleinement les deux.

 

 

 

 

L’Express du 6 avril 2000 Le pèlerin du nouvel islam Humaniste, croyant et très militant... Tariq Ramadan, philosophe et islamologue - il enseigne à Genève et à Fribourg - est le digne héritier de son grand-père, Hassan al-Banna, fondateur en 1928 du mouvement des Frères musulmans en Egypte, qui fut assassiné en 1949. Lui, il est né et vit en Suisse, où ses parents, chassés par Nasser, s’étaient réfugiés, mais s’est longtemps senti ailleurs, exilé de l’âme. Aujourd’hui, il court l’Europe et l’Amérique, appelé par les associations de jeunes musulmans. Il les aide à inventer cette identité équilibrée qu’il a, pour sa part, merveilleusement trouvée, conciliant islam et modernité et, comme son grand-père, chaleur humaine et franc-parler.

 


 
 
posté le 01-12-2008 à 15:28:31

responsabilisation et engagement

La responsabilisation devant Dieu et devant les hommes responsabilisation est un processus pour assumer la
responsabilité. Pour le musulman et la musulmane, la responsabilisation est permanente, tout le temps, toute sa vie.
Je voudrais partager avec vous des éléments d un ouvrage de Youssouf Al Qardawi : la particularité de
l être humain sur tout le reste de la création, est lorsque l esprit qui est insufflé en lui, ce souffle que
nous avons de l ;esprit de Dieu, nous devons le maintenir vivant dans notre coeur    dans notre vie au
quotidien. Et Dieu nous donne les recettes pour cela : le premier élément qui vient ;est la shahâda : quand on est
submergé par les problèmes on se retourne vers Dieu : « Lâ ilâha illa llâh » « Hasbi Allah wa ni&rsquo;mal wakil » (Unicité de
Dieu, tawhid).
La notion de shahâda pour nous doit avoir pour objectif premier de renouveler la notion de responsabilité. Dans le
message de lorsqu en islam, Dieu nous a évité toute la réflexion sur la culpabilité, toute la discussion sur la nature de
Dieu (mais méditer sur la création de Dieu). « wa Ash-hadou anna Mohammadan rassouloullâh » c est le chemin,
la voie (comment être avec Dieu). Quand je dis « Ash-hadou an la ilâha illallâh wa Ash-hadou anna Mohammadan
rassouloullâh » : en mon âme et conscience  j ai reconnu q Il est l  Unique, en mon âme et conscience,
je m  engage avec Lui, en mon âme et conscience, c est un contrat que j ;établis avec Lui et donc je
porte une responsabilité. La miséricorde de Dieu fait que Dieu nous donne cette responsabilité avec la possibilité de
l erreur pardonnée. Le croyant, s il fait une faute, son repentir lui suffit s il est sincère. Nous sommes
redevables d un effort mais nous n  avons pas d obligation de résultat car c  est Dieu qui
débloque les situations. « Tu es responsable mais tu as droit à l erreur. » Ainsi, le musulman, la musulmane ne peut
plus se permettre de dire : « Je ne peux pas faire parce que je ne sais pas », « Je ne peux pas faire car j&rsquo;ai peur de
me tromper » « Je ne peux pas faire parce que ce n est pas de mes compétences   Nous avons les piliers
de l islam et des formes de rappel qui nous permettent de renforcer notre foi, qui nous permettent de revenir à
l ;essentiel. Notre problème est un problème de partage des responsabilités ou de les assumer sur un plan
collectif. Comment, le fait de changer du tout au tout notre vie sur un plan personnel, comment ce que l  on peut
réaliser sur un plan individuel on n arrive pas à le réaliser sur un plan collectif ? Comment des musulmans qui
vivent là où ils vivent sont dans l  incapacité dans un premier niveau à transformer collectivement sur un plan
communautaire et dans un second niveau à le faire partager avec le reste de leur environnement ? Mohammed Al Ghazali
dit sur la notion de responsabilité que toute réforme collective passe par la réforme individuelle. On doit construire
l  individu d une manière solide sur la base de 3 éléments, il faut réformer :· son âme,· son esprit,· et comportement. La réforme de l  âme passe par l  adoration, les prières, la mosquée.La réforme de
l esprit passe par l éducation, l école, la formation.La réforme du comportement passe par
l  engagement.Car c est dans l engagement que se mesure la compatibilité entre tes principes, tes
idées, tes discours et tes actes. C est par l  engagement que tu te confrontes avec les autres, la notion de
patience, de prendre sur soi, de sacrifice, de don    est dans l engagement que l  on doit les
vivre et les améliorer. L engagement, c est l école du comportement. Il ne peut pas y avoir de
réforme sans éducation et la réforme nous provient aussi de l adoration. La communauté dans le reste du
monde pense que les musulmans d Europe vont venir avec des solutions, des propositions socio-politiques, des
réponses pour le reste de l humanité. Cela rajoute à notre responsabilité. Il faut comprendre notre message et le
faire comprendre aux autres, comme dit Tariq Ramadan, il faut s expliquer sur l  islam, sur la foi, se
l expliquer à nous-mêmes et l expliquer aux autres sans tomber dans la justification. Pour cela, il faut
maîtriser la langue française pour transmettre de la manière la plus juste. Pourquoi nous ne sommes pas capables ne
serait-ce que dans la communauté musulmane de créer des mouvements collectifs de pensée, de production culturelle,
économique  Il y a un problème psychologique dans notre communauté en Europe q  il faut combattre. Il
faudrait des cursus d alphabétisation pour nos mères, expliquer à nos enfants qu il faut étudier à
l école pour s  épanouir. Pourquoi les frères et soeurs   qui ont des formations de management ne
proposent pas sur comment gérer une équipe, comment organiser un événement  a des clubs de réflexion qui produisent. Tout le monde est train de reproduire ça sauf les musulmans. Ont-ils
moins d  idées que les autres ? Non. Ont-ils moins d argent que les autres ? Non. Les musulmans
n  ont pas confiance en eux alors que Dieu me donne la responsabilité avec la marge de l erreur. Je suis
sincère, je prends les précautions nécessaires, je prends conseil auprès des gens compétents, j avance 
Il faut savoir que les résultats des actions que nous menons, ne viendront pas tout de suite. Dieu nous demande de
travailler dans la perspective du Paradis, dans la perspective de la félicité, dans la perspective de la proximité avec Lui,
dans la perspective de l éternité. Nous ne sommes pas redevables de résultat mais nous sommes comptables
de nos efforts. Et sur nos efforts, il nous sera demandé des comptes. Ce qui nous manque ce sont des personnes qui
managent, des personnes qui travaillent fisabilillah. Les chantiers sont tellement énormes. Si tu entreprends, tu es
motivé, tu vas de l avant, tu comptes sur Dieu ; tu peux y arriver. Il y a un travail d  éducation sur
nous à faire sur notre spiritualité que ce soit la mosquée, la prière, les assises (pour prendre le temps de parler, pour se
connaître, pour poser des questions, pour développer une relation de confiance, pour trouver un appui sur le plan affectif
et spirituel, pour trouver un appui afin de résoudre nos problèmes). Le temps de l  écoute avec mon frère ou ma soeur
   est fondamental. C est à celui qui est très bien organisé qui peut avoir le cadre en sa faveur. Si on a le
ham, si on a le courage, si on est  une profondeur d amour pour le Prophète (BSDL) et pour Dieu, mon
effort à moi consiste à transpirer pour s organiser pour que la dignité des musulmans soit respectée, pour que la
dignité des plus démunis soit respectée. Parce que j ai une chance, j ;ai un cadre qui me permet de le
faire. Ce n  est pas un cadre où on te donne, c est un cadre où tu dois prendre, mais pour prendre, il faut aussi donner
 


Commentaires

 

1. marco59  le 01-12-2008 à 17:29:46  (site)

soit le ou la bienvenue sur vef si tu le souhaitte tu peut venir faire un tour sur marco59 tu y seras le ou la bienvenue
amitié.

 
 
 
 

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